Le grand Pardo


A l’heure où la nouvelle coupe de cheveux de Cristiano Ronaldo focalise l’attention des médias du monde entier, brûlons un cierge à la mémoire des real hustlers du ballon rond qui ont pour notre plus grand plaisir squattés la rubrique des faits divers durant la fin du XXe siècle. Parmi eux, il y a Bernard Pardo.
Né d’une rencontre entre Pagnol et De Palma, Bernard délaisse sa Provence natal pour le « Grand Nord » afin d’y parfaire sa technique de jeune footballeur. Après une année à Boulogne-sur-Mer (78/79) et un crochet par Lille (79/80), il pose son baluchon à Brest (1980). Le club armoricain qui vient d’atteindre l’élite pour la première fois de son histoire, nourrit de biens belles ambitions.
Pardo y passera certainement les années les plus saines de sa carrière en devenant un joueur à la fois insatiable et incontournable de l’entrejeu brestois. Après 5 années de bons et loyaux services et un détour par Saint-Etienne (85/86) il débarque dans la Var à Toulon.

Adieux quiétude Brestoise et professionnalisme assidu, bonjour entourloupe et coups bas. Ici le gérant c’est Courbis (fraîchement retraité), aux platines Paganelli, au bar la paire Casoni/Ginola et à la porte Olmeta et Dib. La fine équipe est fin prête. Trois années prolifiques en excès sur lesquelles plane un parfum de suspicion concernant des affaires plus que nébuleuses (braquage, valise d’argent, corruption, drogue...).
OM 90/91 the dream was true
Bernard tient sa place dans l’équipe, ne laisse jamais refroidir la carte (villa à Sanary-sur Mer, collection de Ferrari, robinets en or...) et se fait des potes dans le Milieu. Fin de la saison 1989 et terminus pour le Sporting Club de Toulon définitivement relégué dans les divisions inférieures pour une vaste affaire de « caisse noire ». Ah bon? Suite à cette histoire, Courbis prend 1 an ferme (cumulé à d’autres casseroles Provençales, il purge actuellement son pack méditerranéen aux Baumettes) pendant que les rats quittent le navire. Pardo s’échappe et intègre l’élite française de l’époque: Bordeaux (89/90) et Marseille (90/91). Il est au sommet de sa carrière. Platini l’appelle en sélection et en fait un des ses leaders. Tout semble sourire pour celui à qui on attribut volontiers un troisième poumon en référence à son activité généreuse au milieu du terrain. Sa faculté à jongler entre champagne et football font de lui un des précurseurs en matière de « foot-business». Alors que José Touré craque à Monaco (coke, argent, casino, coke, bagarre, violence conjugale, coke...), Pardo tient le choc. Il flambe sur le scène européenne (finale de Ligue des Champions à Bari perdue face à l’Etoile Rouge de Belgrade en 91) et écrit à ce jour la seule ligne de son palmarès : champion de France 90/91 avec la meilleure équipe que l’OM n’ait jamais eu.

Saint bernard
Fin 91, alors qu’il évolue à Paris et que l’Euro Suédois pointe à l’horizon, il se blesse gravement et reste pendant longtemps éloigné des terrains. Le côté business en profite pour prendre le dessus. Durant l’année 93, il est arrêté et soupçonné de trafic de drogue. Il séjourne 6 mois aux Baumettes avant que Francis le Belge en personne lui paye sa caution (quelques mois auparavant c’est Pardo qui sortait Francis du trou en contribuant au payement de sa caution, environ 1,5 millions de nouveaux francs). Fin 97, son coeur accélère dangereusement. Deux arrêts cardiaque plus tard, les diagnostics les plus optimistes lui prédisent une fin proche. Seule une transplantation peut le sauver mais l’état déplorable du foie et du pancréas mis à rude épreuve ces 10 dernières années empêche l’intervention chirurgicale. Il touche le fond lorsque une infection lui vaudra un arrachage intégral des chicots. Cependant, sa santé s’améliore et, par chance il se fait transplanter un samedi après s’être inscrit le vendredi sur une liste de demandeurs. Il redescend peu à peu sur terre et commence une nouvelle vie moins mouvementée que la précédente: 4800 francs par mois de pension d’invalidité alors qu’il palpait l’équivalent en une journée avec l’OM. Mais peu importe les déboires financiers et autres pépins de santé rangés au fond du tiroir, le Pardo nouveau est arrivé. Depuis 2004, il gère le Café de la Poste à Gardanne sa ville natale et siège également au conseil municipal en tant que « délégué au développement commercial, animation du centre ville, foires et marchés ». A l’occasion, il rechausse les crampons avec l’équipe de France des transplantés et part en croisade pour le don d’organe.

Bernard Pardo c’est : 3 poumons, 2 coeurs, 18 buts pour 322 matchs en D1 et 13
sélections en équipe de France (88/91).